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Sur Ma Route
27 juillet 2016

Désenchantement numérique

Depuis le début des années 2010, le numérique a changé de statut en devenant un sujet de société central. Largement adopté par toutes les générations sous forme de téléphones, de tablettes et de consoles, mais surtout de nouveaux usages, il a plané comme une menace et comme une opportunité, faisant prendre conscience à beaucoup d’organisations de la fragilité de leur modèle et de la nécessité de prendre le virage de la transformation numérique. Plusieurs articles récents s’agacent des limites de ces nouveaux modèles rendus possibles par le numérique ou de la lenteur du déploiement de certaines technologies pleines de promesses sur le papier (indépendamment des questions fiscales et juridiques évidemment légitimes). Michel Levy-Provençal (alias Mikiane quand il blogue), apôtre de l’innovation, des objets connectés et grand ordonnateur de TedX Paris, qu’on ne peut pas soupçonner de conservatisme, se plaint à juste titre de la pauvreté d’une expérience AirBnB qu’il a vécue pendant les fêtes, en l’absence de tout service autre que la mise en relation avec le loueur. iGeneration, un journal en ligne consacré aux appareils mobiles d’Apple, se demande où sont passés les iBeacons qu’on annonçait partout dans les revues de tendances depuis deux ans. Et même Wired, vigie de la culture geek, nous disait la semaine dernière « Adieu les wearables, vous aviez un nom idiot de toutes façons ». Les papiers se multiplient enfin qui nous annoncent le gonflement d’une bulle dangereuse autour des fameuses licornes, ces jeunes pousses à plus d’un milliard de dollars, condamnées au profit ou à l’implosion quand les fonds d’investissement deviennent très, très prudents (Start-ups: condamnées à la rentabilité… ou à périr en 2016 -Les Affaires). Bref après les années d’euphorie du numérique sublimé comme solution ultime à la crise, le doute semble s’emparer de nombreux acteurs du digital, start-ups, commentateurs ou investisseurs. Alors 2016 années du désenchantement numérique? NON. Les vraies révolutions sont 10 fois plus importantes et mettent 10 fois plus de temps qu’on ne pensait à avoir des impacts universels et durables (c’est Bill Gates qui le dit!). Il n’y a que l’histoire qui peut voir avec le recul requis ce qu’a vraiment été une révolution. Dans les premières années de la révolution industrielle du 19ème siècle, qui pouvait mesurer l’impact réel sur la société de ce qui était en train de se passer? Les inventeurs inventaient, les entrepreneurs saisissaient les opportunités, et les fortunes du 20ème siècle se forgeaient dans un grand maelstrom d’innovations, de luttes de pouvoir et de développement de la première fracture sociale. Pour s’en tenir à la technologie numérique, si l’on jette un regard dans un rétroviseur plus récent, il aura fallu 25 ans pour passer du premier déploiement de la téléphonie mobile moderne en Finlande (le GSM, en Juillet 1991) à l’équipement de la moitié des habitants de la planète en téléphones intelligents. Et ça fait 10 ans qu’on parle de révolution mobile, et 3 ans de «mobile first». Gartner, une société d’analyse des innovations technologiques, a bien documenté le cycle d’excitation, de doute puis de déploiement (ou de disparition) de toute nouvelle technologie. Il semble que 2016 concentre le nombre d’idées et de technologies nouvelles en phase de doute. Mais quel que soit le temps que cela prendra, la mutation numérique est en route. Alors au risque de jouer à Madame Irma, je ne crois pas m’avancer beaucoup en affirmant que dans 10 ans (et c’est quoi 10 ans? C’est énorme en temps numérique et ce n’est rien en temps humain…) : Globalement, – OUI, l’exploitation systématique des ressources dormantes rendue possible par le numérique (la façon positive de regarder l’uberisation…) sera généralisée et aura généré au passage de la croissance propre. – OUI, les grandes entreprises capables de se réinventer pour tirer le meilleur parti du numérique l’auront fait, générant un phénomène de contre-uberisation qui aura trié le bon grain de l’ivraie tant chez les licornes que dans les grands groupes. Il n’y a qu’a voir la résilience des sociétés de taxi (qui ont plus évolué en 3 ans qu’en 50) ou de la Fnac en France et de Best Buy aux États Unis (donnés pour mourants face à Amazon il y a 3 ans) pour deviner que les acteurs historiques ont bien l’intention de livrer bataille et même de gagner. Plus spécifiquement, – OUI, il y aura eu une généralisation de la capacité de localiser une personne ou un produit au centimètre près dans un lieu fermé, magasin, stade, entreprise, et cela aura complètement modifié notre façon de faire du commerce, de participer à un événement ou de travailler. – OUI les wearables auront disparu depuis longtemps en tant que catégorie parce que comme les codes barres la technologie numériques sera sur/dans tous les produits sous une forme ou sous une autre, qu’ils se portent ou pas. C’est d’ailleurs le sens de l’article de Wired cité plus haut. – OUI la réalité virtuelle sera entrée dans le quotidien au même titre que les consoles de jeux ou les téléphones portables aujourd’hui. (d’ailleurs l’Oculus Rift est officiellement en vente grand public!) On pourra dire que je ne m’avance pas beaucoup en disant cela. Mais c’est justement ça qui est fascinant. Ces quelques exemples ne sont pas de la science fiction mais juste un peu d’anticipation. On a autant de mal à s’y projeter qu’on en avait à imaginer il y a 25 ans une planète où tout le monde aurait en permanence un ordinateur très puissant dans la poche. On ne peut pas clore cette chronique du futur sans évoquer la question du big data et du machine learning. La capacité de calcul a toujours été un facteur d’accélération de l’histoire. Son augmentation continue d’être exponentielle. 10 ans, c’est donc un grand maximum pour ce nouveau visage du monde, même si la plupart de ses facettes restent à inventer.

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