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Sur Ma Route
30 novembre 2015

L'Union Européenne ouvre ses portes

A Bruxelles, un compromis a été trouvé pour répartir 32 000 réfugiés au sein de l'Union. Un chiffre dérisoire au regard de l’afflux de migrants, selon certains députés. Après la division, le compromis. Réunis lundi à Bruxelles, les ministres de la Justice et des Affaires intérieures européens se sont entendus sur la répartition de 32 256 demandeurs d’asile au sein de leurs frontières respectives. Il y a encore trois mois, alors que la Commission européenne proposait ce programme sur la base du volontariat de chaque Etat, de nombreuses voix, y compris celle de Manuel Valls, avaient dénoncé une politique de «quotas» et craint une répartition inégale entre pays. Bruxelles avait préféré parler de «clés de répartition» calculées en fonction du nombre d’habitants du pays d’accueil, du produit intérieur brut, du taux de chômage et du nombre de demandes d’asile reçues dans le pays. Vu la situation actuelle dans le sud de la Méditerranée, il y a urgence. En Italie et en Grèce, les migrants affluent et l’administration est incapable de faire face aux dizaines de milliers de demandes d’asile qu’elle reçoit. La Commission préconise que 40 000 d’entre eux, majoritairement des Syriens et des Erythréens, puissent être «relocalisés» à l’intérieur des pays de l’Union. Prise de conscience ou stratégie politique (ou les deux), les Européens ont décidé de contribuer. «Quand des pays non-européens comme la Turquie et le Liban accueillent des millions de réfugiés syriens, les dirigeants de l’UE ne peuvent pas se permettre de rester les bras croisés», analyse Catherine Wihtol de Wenden, politologue spécialiste des migrations. D'autant qu'avec la gestion de la crise grecque, l’image de l’Europe a pris un coup dans l’opinion publique : «Tout est bon pour éviter l’isolement», ajoute la chercheuse. Le député européen EE-LV Yannick Jadot fustige, lui, un «compromis foireux basé sur un chiffre indigne. Un continent de plus de 500 millions d’habitants qui s’écharpe pour si peu, c’est indécent». Ce compromis illustre une crise de solidarité au sein de l’Union européenne. Si la France et l’Allemagne — qui n’étaient pas représentées à Bruxelles lundi — ont respecté le contrat, l’Autriche, la Hongrie et l’Espagne, pour ne parler que de ces pays, font figure de très mauvais élèves. Les deux premiers n’accueilleront aucun demandeur d’asile, la dernière ne prendra que le tiers de ce qui lui était demandé. La faute à une «montée du souverainisme» en Europe, souligne Catherine Wihtol de Wenden, qui indique que «certains pays considèrent avoir déjà contribué et pris leur part du fardeau». De fait, l’Autriche avait accueilli un grand nombre de réfugiés dans les années 90, alors qu’un conflit inter-ethnique ravageait les Balkans. Une bien pâle excuse vingt ans plus tard, signe de la montée du parti d’extrême droite FPÖ dans le pays. L'Autriche a d’ailleurs annoncé ce mardi qu’elle allait «délocaliser» chez son voisin slovaque 500 demandeurs d’asile déjà présents sur son territoire. Côté hongrois, le Premier ministre populiste, Viktor Orbán, a fustigé le projet européen, le qualifiant de «fou et injuste». «De nombreux pays européens ne peuvent pas s’exonérer d’une part de responsabilité dans la déstabilisation actuelle au Proche-Orient», s’emporte Yannick Jacquot, faisant par exemple allusion à la guerre du Golfe où l’Espagne s’est engagée, ou au délitement de la Libye. «Plutôt que de l’assumer, ils se font l’écho malsain du populisme et mettent en scène les égoïsmes nationaux. Orbán, c’est la partie la plus vulgaire de ces égoïsmes», continue l'eurodéputé, sévère avec l’ensemble des pays européens. Le deuxième volet des propositions de la Commission a en revanche été tenu, et même dépassé. Le principe de réinstallation, qui concerne des personnes bénéficiant déjà du statut de réfugié mais résidant dans des pays tiers, permettra à 22 504 d’entre eux de venir en Europe, quand l’objectif était de 20 000. Reste qu'avec 2 millions de réfugiés en Turquie, l'effort européen apparait anecdotique. A l’origine des recommandations, largement modifiées par la suite, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était déjà dépité avant-même le compromis : «Vu l’ampleur du phénomène, donner une perspective de vie à 60 000 personnes est un effort modeste. Cela prouve que l’Europe n’est pas à la hauteur des principes qu’elle déclame.»

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